Le greenwashing, un nouveau risque pour les entreprises misant sur la RSE
Greenwashing : toutes les entreprises peuvent être concernées
En matière de communication sur la RSE, la frontière entre réalité de l’engagement de l’entreprise et greenwashing peut vite être franchie. « Faire du greenwashing pour une entreprise, c’est communiquer sur des promesses d’engagement et d’action au niveau sociétal ou environnemental qui ne correspondent pas à la réalité des faits, rappelle Alex Boussac, référent technique Responsabilité civile chez Verspieren. Aucune entreprise n’est à l’abri d’une accusation de greenwashing ».
La RSE est incontournable pour les entreprises
D’un côté, mettre en place une politique RSE est désormais quasiment incontournable : de plus en plus de cahiers des charges pour répondre à des appels d’offres comportent un volet RSE, qui entre dans les engagements contractuels. « La politique RSE est aujourd’hui plus qu’un argument de vente. Pour les entreprises, cela devient un prérequis pour gagner certains contrats ou marchés », rappelle Alex Boussac.
Le risque d’accusation de greenwashing en contrepoint
De l’autre, l’authenticité de cette politique RSE est de plus en plus fréquemment remise en cause. Responsabilité des entreprises dans le changement climatique, accusations de fraude à la taxe carbone mais aussi scandales dans les maisons de retraite ou encore appel au boycott des entreprises qui restent en Russie en dépit du conflit en Ukraine… « Tout peut facilement aujourd’hui être sujet à controverses ou à accusations, avérées ou non, souligne Alex Boussac. Surtout à l’heure des réseaux sociaux et même si l’entreprise n’agit pas intentionnellement ».
Le Conseil et le Parlement européen sont parvenus en juin à un accord politique provisoire concernant la directive sur la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD). La proposition vise à remédier aux lacunes des règles existantes en matière de publication d'informations non financières, dont la qualité était insuffisante pour permettre leur bonne prise en compte par les investisseurs.
Certaines entreprises sont plus exposées que d’autres au risque de greenwashing, car elles contribuent au réchauffement climatique par la nature même de leurs activités, par exemple parce qu’elles utilisent massivement des produits chimiques ou des énergies carbonées.
Quels sont les risques auxquels expose le greenwashing ?
Face à des accusations de greenwashing, l’entreprise s’expose à de nombreux risques.
Greenwashing et risque commercial et financier
Le premier risque pour l’entreprise est financier : si elle est dans l’incapacité de remplir les engagements RSE annoncés au moment de répondre à un appel d’offres, elle risque de voir le marché résilié, avec pour conséquence des pertes financières.
Un tiers, un sous-traitant notamment, peut aussi mettre en cause la responsabilité de l’entreprise en arguant d’une perte de chiffre d’affaires, ou d’une perte de chance vis-à-vis du contractant principal pour de futurs contrats.
Greenwashing et risque juridique
En cas de fraude avérée, s’il est prouvé qu’elle a fait des déclarations mensongères et/ou qu’elle n’a pas respecté les lois et règlementations, l’entreprise et son dirigeant s’exposent à une condamnation civile et/ou pénale.
Greenwashing et risque d’image
Le greenwashing, même non intentionnel, fragilise la relation de confiance entre l’entreprise et l’ensemble de ses parties prenantes, avec à la clé un risque de perdre des clients, des partenaires, des fournisseurs ou des actionnaires.
« Le risque d'image pèse aussi sur le recrutement des talents, notamment des jeunes, qui sont de plus en plus attentifs à la réputation des entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles de travailler, et surtout à leurs pratiques RSE », avertit Alex Boussac.
Greenwashing et risques cyber
Le risque de piratage écologique ne peut pas être écarté : selon une étude publiée en 2020 , les hackers cibleraient en priorité les entreprises jugées peu vertueuses en matière de RSE. « L’enjeu de ces cyberattaquants activistes serait de mettre les entreprises face à leurs responsabilités », analyse Alex Boussac.
Entreprises : quelles assurances pour se protéger contre le greenwashing ?
Pour l’entreprise, la meilleure solution pour éviter tout risque de greenwashing est encore de jouer la transparence et de mettre son discours en accord avec ses actes. « Toutes les actions engagées doivent être claires et vérifiables, insiste Alex Boussac. Le mieux est encore de faire valider sa stratégie RSE par un organisme extérieur. Des cabinets de conseil proposent ces prestations ».
Les entreprises peuvent aussi se tourner vers l’assurance, même si tous les risques liés au greenwashing ne peuvent pas être couverts.
L’assurance Responsabilité civile du dirigeant
Les dirigeants portent la responsabilité de leur entreprise, y compris en matière de RSE. Leur responsabilité civile peut être engagée et recherchée par des tiers s’il est avéré que la politique RSE qui a été définie n’a pas été respectée, ou si la contradiction entre les discours et les faits a généré pour eux des pertes financières. « Par exemple, la mise en cause peut venir d'un actionnaire dans le cas où l’entreprise aurait perdu une part importante de sa valorisation en raison d’une l’amende infligée pour non-respect de la réglementation liée à l’environnement », explique Alex Boussac.
En savoir plus sur l’assurance Responsabilité civile des mandataires sociaux
L’assurance Risques environnementaux
Les entreprises dont l’activité présente un risque pour l’environnement, notamment les installations classées Seveso, sont particulièrement exposées au risque de greenwashing. Bien que tenues par des réglementations strictes et soumises à des contrôles administratifs pour vérifier le bien-fondé de leur gestion environnementale, un incident ne peut pas être exclu. S’assurer contre le risque environnemental, c’est limiter ses conséquences financières.
En savoir plus sur l’assurance des risques environnementaux
Gare aux placements non responsables
La vigilance s’impose lorsque l’entreprise réalise des placements financiers et souscrit des produits d’épargne ou de capitalisation. Investir dans des solutions non responsables peut être source d’accusation de greenwashing, avec atteinte à la réputation de l’entreprise, mais aussi source de litige avec les investisseurs. Reste que l’entreprise ne maîtrise pas les informations qui lui sont communiquées au moment de la souscription du placement.