Quelle réforme des retraites en 2023 ? L’avis de Verspieren
Quels sont les points clés de cette nouvelle réforme des retraites ?
Pour commencer, revoyons les grandes lignes de cette nouvelle réforme :
- Rehaussement de l’âge légal pour arriver progressivement à 64 ans (accélération de la réforme Touraine)
- L’allongement de la durée de cotisation et le nombre de trimestres cotisés requis pour valider le taux plein, est maintenu à 172 (43 ans) avec une montée en charge plus rapide en 2027 au lieu de 2035.
- La fin des régimes spéciaux avec mise en application d’une clause de grand père au 1/9/23, date souhaitée de mise en œuvre de la réforme
- Instauration d’un nouveau minimum retraite à de 85% du SMIC net, soit 1 200 € par mois, instauré pour l’ensemble des retraités, futurs et actuels, justifiant d’une carrière complète
- Une amélioration du dispositif « carrière longue » permettra une liquidation au taux plein si le nombre de trimestres requis est atteint à 58 ans pour un début de carrière à 16 ans, 60 ans pour 18 ans et 62 ans pour 20 ans, sous réserve de justifier de 5 trimestres cotisés avant l’âge de 20 ans.
- Amélioration du C2P, le compte professionnel de prévention, nécessitant une meilleure prise en compte de la pénibilité et le renforcement du suivi médical permettront éventuellement un départ anticipé. On note aussi la création d’un fond de prévention. (Compte Epargne Temps Universel)
- Un cumul emploi retraite producteur de nouveaux droits
- Création d’un index sénior, à date déjà rejeté par l’Assemblée nationale
- Amélioration de la retraite progressive
Pourquoi une réforme systémique de nos retraites est indispensable : l’avis de nos experts Verspieren
Les déficits des régimes actuels se creusent et devraient atteindre 21 milliards en 2035, auxquels il y a lieu d’ajouter les 30 milliards des régimes spéciaux portés par l’état. La nécessité de revoir notre système semble évident. Le régime conçu en 1947 avec un départ prévu à 65 ans était financé à raison de 4 actifs pour un retraité, aujourd’hui, c’est 1,7 au plus, ce sera 1,3 en 2030. À cette même époque, l’espérance de vie d’un homme à 65 ans était au plus de 12 ans. Aujourd’hui, c’est plus de 20 ans…
Contrairement à la réforme des retraites de 2019 porté par Jean-Paul Delevoye sous le gouvernement d’Edouard Philippe qui était systémique, celle proposé par le gouvernement Borne est seulement paramétrique, pour finalement très peu d’effets.
Le gouvernement a raté l’objectif pourtant louable d’une réforme des retraites plus juste et avec un fonctionnement unifié. De plus, pour la première fois depuis 2010, un front syndical puissant s’est construit pour s’y opposer !
Quant au Conseil d’Orientation des Retraites, sa crédibilité semble fortement remise en question suite aux nombreux rapports et prévisions très optimistes sur l’état des caisses de retraite de nos régimes de bases et complémentaires.
On parle d’un équilibre fragile et temporaire, mais il y’a une disparité très importante en fonction des régimes. Rappelons à cet effet que les réserves actuelles de l’AGIRC-ARRCO sont très largement excédentaires, en raison d’une gestion financière performante et particulièrement rigoureuse.
Qu’en est-il du malus-bonus de l’AGIRC-ARRCO ?
L'Agirc-Arrco, organisme issu de la fusion des complémentaires des salariés et des cadres, a pour principales caractéristiques :
- de gérer les retraites complémentaires des salariés du privé de l'industrie, du commerce, des services et de l'agriculture ;
- d'être complémentaire au régime de base ;
- l'affiliation est obligatoire pour tous les salariés ;
- d'être une retraite par répartition, les cotisations qui sont versées par les actifs et les employeurs servent à payer directement les pensions de nos aînés (retraités) pour instaurer un principe de solidarité entre les générations et les différents secteurs d'activités ;
Lors de cette fusion des deux organismes, un coefficient de solidarité temporaire a été créé afin de rééquilibrer les caisses des régimes de retraite complémentaire. On le dénomme plus couramment : bonus-malus AGIRC-ARRCO. Son objectif est d’inciter les salariés à effectuer une année supplémentaire au-delà de leur départ en retraite, en échange d’une récompense ou d’une pénalité.
Ce bonus-malus sera-t-il maintenu dans le cadre de la réforme ? Ce point n’est pour l’heure pas évoqué dans le projet. Si tel était le cas, cela reviendrait implicitement à repousser l’âge de la retraite à 65 ans, sauf à accepter une perte de 10% de sa pension AGIRC-ARRCO pendant 3 ans.
Le grand oubli du gouvernement : la retraite par capitalisation
Pour l’heure, le mot capitalisation n’est pas mis en avant dans les débats. C’est un mot tabou en France contrairement à l’ensemble de nos voisins européens. Rappelons toutefois que les agents de la Fonction publique bénéficient tous d’un régime par capitalisation extrêmement bien géré et excédentaire.
Il serait intéressant de pouvoir présenter ce sujet aux Français comme n’étant pas une alternative à nos régimes par répartition, mais bien un complément nécessaire et indispensable pour compléter les revenus perçus à la retraite.
Les experts Verspieren continueront à suivre avec attention la suite du calendrier parlementaire de cette réforme afin de décrypter les implications de cette réforme des retraites pour vous et vos collaborateurs.